EDITH GALLOT
Artiste diplômée en 2015 à l’École supérieure d’art et média Caen-Cherbourg.
Edith Gallot poursuit et construit sa recherche plastique autour d'un même axe ; la phénoménologie de la perception.
A travers l'installation, le dessin, et la vidéo elle cherche à stimuler la conscience perceptive du visiteur, en troublant son rapport à l’espace et en l’incitant à se questionner sur sa propre présence.
L'artiste explore le caractère anthropomorphique des paysages architecturaux et naturels et cherche à révéler comment ceux ci influencent et façonnent nos émotions. En composant avec les lignes de forces qui composent un environnement, jouant de confusion par l'imbrication du concave et du convexe, du tangible et de l'immatériel, c'est par un dispositif sensible en tension que l'artiste propose une expérience émotionnelle de l'espace.
Mind the Gap, Festival Palma, 2023, Shed de Supermonde, Mondeville(14).
MIND THE GAP
Mind the gap est un procédé d'installation modulable qui s'adapte à l'architecture dans laquelle elle s’insère. Un dessin spatial composé de câbles blancs, éclairé à la lumière noire. Ce dispositif d'installation permet la fabrication d'un espace, d'un creux, comme lieu privilégié de la perception. Il interroge à travers celle-ci la question du corps dans l'espace.
Mind signifie l'esprit, la pensée, Gap est le fossé, l'écart, l'expression Mind the Gap souvent accompagnée de between the train and the platform se traduit généralement dans la formule française suivante, Faites attention à l'intervalle entre le train et la plate forme. Il s'agit d'une mise en garde pratique qui s'applique à une situation concrète. Mais cette phrase, sortie de ce contexte précis, évoque beaucoup plus; garder à l'esprit l’écart, prendre conscience de cet écart, être attentif, être à l'affut...
Mind the Gap est un conseil judicieux qu'il faut sans cesse garder à l'esprit, plus particulieremet si on l'associe à l'acte perceptif. Cette expression nous rappelle la responsabilité du phénomène de perception au sein du couple "voir et savoir". Comment il faut sans cesse ne se satisfaire d'aucun état de contemplation, mais toujours interroger la vision, aiguiser la faculté à comprendre le monde visible, afin de ne pas être trompé et manipulé. Cet intervalle, cet écart qui peut être associé à la distance qui sépare l'idée que nous nous faisons de la réalité et la réalité elle même, la vision que nous avons d'une chose et la perception que nous en avons. La distance qui existe entre ce que l'on voit d'un objet au premier regard; son enveloppe, son contour, sa surface, et la façon dont on le perçoit après en avoir fait l’expérience physique et visuelle, la manière dont on l'appréhende par la suite, de par sa composition, sa structure interne. Non seulement il faut prendre conscience de cet interstice, mais il faut également prendre le temps d'engouffrer son regard dans la brèche, et de s'abandonner dans les profondeurs de ses différentes strates.
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